Note
Cette histoire est celle d’un jeu du chat et de la souris, entre Maxime, un écrivain d’une quarantaine d’années, sur le déclin, et Arthur, 18 ans, le fils gâté de son meilleur ami…
Comme d’habitude, n’hésitez pas à me contacter si vous aimez cette histoire, ou si vous souhaitez des photos des personnages. Je réponds toujours
Chapitre 1
Je regarde l’écran de mon MacBook, tout blanc. Je n’y arrive pas… L’angoisse de la page blanche. Ça fait plusieurs semaines que j’essaie de démarrer mon prochain roman, mais rien ne me vient. L’énergie, la motivation, tout me manque. Moi qui pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, étais un écrivain à succès, encensé par la presse, et invité dans toutes les émissions littéraires. J’ai même raté le Goncourt de peu.
Peut-être ai-je connu le succès un peu trop tôt, dès mon premier roman, à 25 ans à peine ? Les suivants ont aussi été des best sellers. Mais depuis quelques années rien ne va plus. Tout a commencé par une rupture avec Alex, mon amoureux. Une relation intense, passionnée de plusieurs années. L’amour fou dès le début, lui 18 ans, moi la trentaine. Je lui ai pris sa virginité et une relation a suivi, jusqu’à ce qu’a ce qu’il me quitte à la veille de mes quarante ans. Notre différence d’âge ne lui convenait plus. Lui cherchait ce que je ne voulais ou pouvais pas lui donner, des enfants par exemple.
Depuis, d’autres déboires se sont accumulés, comme la mort de mes parents, et des soucis financiers. De l’argent mal géré… Et puis deux livres assassinés par la critique et dont les ventes ont été catastrophiques. La roue tourne vite. Voilà ou j’en suis… Nulle part. A la recherche d’un second souffle. Et surtout de l’inspiration pour un nouveau roman. Pour survivre. Pour revivre, et renouer avec le succès.
Ma rêverie devant la page blanche est interrompue par un SMS d’Alain. Alain, c’est mon meilleur ami, hétéro. On se connait depuis la fac. Un vrai flambeur, joueur, épicurien, bon vivant. Différent de moi. Je suis plus renfermé.
Alain, c’est aussi mon éditeur. Celui qui m’a donné ma chance en publiant mon premier roman. Il a eu du flair en croyant en moi. Mais au-delà des affaires, son amitié est réelle.
Le SMS est une invitation à déjeuner. Mon estomac se serre. Je sais qu’il va me demander où j’en suis avec mon prochain roman… Comment lui avouer que je n’ai même pas écrit une ligne ? J’appréhende ce déjeuner.
Le jour J, il se montre amical et on ne parle pas de mon roman. On parle littérature, politique. Vers la fin du déjeuner, Alain finit quand même par me glisser :
- Ecoute, tu sais que ton prochain roman est très important. Il faut vraiment que ce soit un succès
Je frissonne.
- J’ai quelque chose à te proposer : afin de te mettre dans de bonnes conditions pour l’écrire, pourquoi est-ce que tu ne passeras l’été qui vient dans ma résidence en Provence ? Ça te fera un changement de décor… Je suis sûr que tu tournes en rond dans ton appartement parisien… Là-bas, tu seras au calme, au vert, et je suis sûr que cela te donnera de l’inspiration
Je suis sceptique… mais je sens la pression qu’il me met. Je dois produire un bestseller… sinon je le perdrais comme éditeur… Je glisse juste un « ok, si tu veux » en guise de réponse
- Il y a juste un détail… mon fils Arthur passe l’été là-bas aussi. Il a ses copains et ses copines de vacances dans la région et on lui laisse la maison l’été… Il est difficile… Il est très dur et distant avec moi depuis le divorce. Mais ne fait pas attention à lui. Tu pourras t’installer dans la petite maison d’amis attenante à la piscine. Tu auras plus de tranquillité comme ça.
Je pense à Arthur. Ça fait des années que je ne l’ai pas vu. La dernière fois, il devait avoir 10 ans, c’était juste avant le divorce entre ses parents. Alain avait déconné. Une histoire de fesses avec une stagiaire de tout juste 20 ans. Ça avait fait grand bruit à l’époque… Pénélope, sa femme, avait aussitôt demandé le divorce et obtenu la garde d’Arthur. Elle était alors rentrée en Angleterre, son pays d’origine, et Arthur s’est alors mis à fréquenter les pensionnats huppés du pays, ne revoyant son père qu’une à deux fois par an.
Alain ne me donnait des nouvelles que rarement, juste pour me dire à quel point Arthur était difficile. Beaucoup trop gâté par ses parents, mal élevé, impoli…
Sur le coup, je ne prête pas trop attention à ce détail… car ce que j’ai en tête, c’est la pression que me met Alain. J’ai vraiment intérêt à produire quelque chose de solide cet été… Le temps m’est compté.
La semaine qui suit, alors que je quitte l’autoroute, je me demande encore comment démarrer mon nouveau roman. J’ai quelques idées, mais pas plus. La route est déserte. Cette partie de la Provence est sauvage et belle. La route est sinueuse. Je dois bien m’y reprendre à trois fois pour trouver la villa d’Alain, isolée dans un coin perdu.
L’endroit est magnifique. Le luxe. Une villa digne des catalogues d’immobilier de prestige. Alain a gagné beaucoup d’argent grâce à mes livres, et ceux des autres, certes, mais Pénélope était encore plus riche…
D’ailleurs, sur le large devant de la villa, couvert de graviers, plusieurs voitures de luxe sont garées. Ma vieille Peugeot fait pâle figure.
Aucune réponse quand je sonne à la porte. J’entends un peu de musique au loin. J’insiste un peu mais toujours pas de réponse. Je me décide donc à faire le tour, par le jardin.
L’intensité de la musique est maintenant plus forte, et je comprends mieux pourquoi personne ne pouvait entendre. Devant mes yeux, une piscine magnifique, grande, entourée d’un superbe jardin, avec les proportions parfaites de gazon, buissons et fleurs. 5 corps sont affalés autour de la piscine, un sixième au milieu de l’eau sur un énorme cygne. Personne ne lève la tête. Ils sont tous à moitié endormis, malgré la musique. J’aperçois un peu partout des bouteilles d’alcool et des restes de déjeuner.
Je m’adresse à une bimbo allongée sur une chaise longue juste à côté de moi. Elle ne tourne même pas la tête vers moi, trop préoccupée par sa séance de bronzage, quand je lui demande :
- Arthur est-il là ?
Sans bouger, elle lance « Arthur !!... Visiteur… »
Le garçon affalé sur le cygne, au milieu de la piscine, redresse la tête, et fait glisser ses lunettes de soleil légèrement pour m’observer
- Ah… Maxime… salut… désolé… j’avais oublié que tu arrivais aujourd’hui… tu peux t’installer dans la maison d’amis
Il remet en place ses lunettes sur son nez et continue sa sieste… c’est tout. Il ne sort même pas de l’eau pour me serrer la main. J’ai vraiment l’impression de déranger.
L’enfant que j’avais en mémoire est maintenant un jeune homme… en marchant près du bord pour me rendre dans mes quartiers, je ne peux m’empêcher de le regarder de près. Corps superbe, imberbe, légèrement musclé, déjà un peu bronzé… il a l’air magnifique, tout comme les autres d’ailleurs. Mais je ne peux pas m’attarder.
Je m’enferme dans mes quartiers. J’entends des murmures autour de la piscine… Notamment :
- C’est qui déjà ?
- Un pote de mon père… écrivain
- Ah… il a l’air fun
Tout le monde éclate de rire
- En tout cas il est quand même pas mal foutu pour un vieux, lance une voix de fille
En guise de réponse, une autre voix lance des « oh oui, daddy… ». Nouvel éclat de rire général.
Je me demande comment je vais gérer ces jeunes autour de moi cet été… d’un côté, la distraction offerte par ces beaux corps de jeunes mâles… de l’autre, leurs jeux qui ne sont plus de mon age.
Sylvainerotic
sylvainerotic@yahoo.com
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